Introduction
Des millions de Français détiennent encore un Plan Épargne Logement (PEL) ouvert depuis mars 2011. Et pourtant, une échéance réglementaire majeure approche sans bruit : en mars 2026, tous ces PEL seront automatiquement clôturés par les banques. Cette règle, peu connue du grand public, pourrait pourtant avoir des conséquences financières et fiscales non négligeables.
Pourquoi cette date est-elle si importante ? Que deviennent les fonds placés ? Que risque-t-on à ne rien faire ? Et surtout, quelles stratégies mettre en place pour ne pas perdre les avantages accumulés pendant des années, parfois à des taux bien plus intéressants que ceux proposés aujourd’hui ?
Dans cet article, nous faisons le point sur ce que prévoit la réglementation, ce que vous devez absolument savoir, et comment transformer cette échéance en opportunité patrimoniale. Car au-delà du simple produit d’épargne, le PEL est un levier de stratégie pour optimiser la gestion de votre capital à moyen et long terme.
Pourquoi mars 2026 est une date charnière pour les détenteurs de PEL ?
Petit rappel : qu’est-ce qu’un Plan Épargne Logement ?
Le Plan Épargne Logement (PEL) est un produit d’épargne réglementé, créé pour favoriser l’accession à la propriété. Il permet à un épargnant de constituer une épargne sur le long terme, tout en bénéficiant de deux avantages clés :
Un taux d’intérêt garanti dès l’ouverture du plan, connu à l’avance et fixé pendant toute la durée du contrat
Des droits à un prêt immobilier bonifié, calculés en fonction des intérêts acquis pendant la phase d’épargne.
Le fonctionnement du PEL est simple : l’épargnant effectue des versements réguliers (au minimum 540 € par an), dans la limite d’un plafond fixé à 61 200 €. En contrepartie, il bénéficie d’une rémunération sécurisée.
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Ce que dit la réglementation : la fin automatique après 15 ans
Autrefois les PEL pouvaient durer indéfiniment, sans limite légale de durée. Mais depuis cette réforme inscrite dans la loi Pacte de 2019, pour les PEL ouvert depuis mars 2011, la durée de vie maximale a été fixée à 15 ans.
Concrètement, cela signifie que :
Un PEL peut continuer à produire des intérêts pendant 15 ans maximums à compter de sa date d’ouverture.
Passé ce délai, la banque est obligée de clôturer automatiquement le livret.
Les fonds sont alors transférés sur un compte de dépôt ou un compte épargne classique. Cette règle s’applique à tous les PEL ouverts à partir de mars 2011, ceux ayant été ouverts antérieurement ne sont pas inclus dans cette réforme.
À noter que cette clôture automatique :
Ne nécessite aucune action de la part de l’épargnant : elle est gérée directement par l’établissement bancaire. Ainsi, cette fermeture fait perdre définitivement les droits attachés au PEL, notamment le taux garanti et le prêt épargne logement.
Qui est concerné ? Les PEL ouverts à partir mars 2011
La règle des 15 ans concerne tous les détenteurs de PEL ouverts à partir mars 2011. Or, ces PEL sont particulièrement avantageux, pour plusieurs raisons :
Ils offrent des taux d’intérêt fixes attractifs, souvent bien supérieurs aux rendements actuels : 2,5 %, 3 %, voire 4,62 % brut dans certains cas.
Ils permettent encore de bénéficier de droits à prêt avec un taux préférentiel, parfois inférieur à celui du marché.
Leur fiscalité est plus douce, surtout pour ceux ouverts avant 2006, exonérés d’impôt sur le revenu (hors prélèvements sociaux).
Et cette échéance n’est pas anodine : elle vous oblige à faire un choix éclairé sur le devenir de votre épargne. Car laisser faire sans anticiper, c’est risquer de perdre un des meilleurs placements sécurisés disponibles pour votre patrimoine.
Que risque-t-on si on ne fait rien avant l’échéance de notre PEL ?
Fiscalité applicable à la clôture automatique du PEL
Un impact à ne pas négliger concerne la fiscalité des intérêts générés. Depuis 2018, les intérêts issus des PEL de plus de 12 ans sont soumis à la Flat Tax :
· 12,8 % au titre de l’impôt sur le revenu,
· 17,2 % de prélèvements sociaux,
Soit 30 % de taxation totale (sauf option au barème progressif).
La clôture automatique en mars 2026 déclenchera donc le prélèvement de cette Flat Tax sur les intérêts capitalisés. Et contrairement à une clôture anticipée que vous auriez déclenchée vous-même, vous n’aurez pas la main sur le calendrier fiscal. Ce qui peut poser problème si vous êtes dans une tranche marginale d’imposition élevée ou que vous souhaitez piloter votre fiscalité de manière fine.
Sort des intérêts non utilisés et de la prime d’État
Enfin, l’inaction peut avoir un autre effet souvent ignoré : la perte des droits non utilisés, notamment :
- Les intérêts capitalisés mais jamais mobilisés dans un projet de prêt.
- La prime d’État (jusqu’à 1 525 € pour les anciens PEL), versée uniquement en cas de souscription effective d’un prêt épargne logement.
Autrement dit, si votre PEL est clôturé automatiquement sans que vous ayez utilisé vos droits à prêt, vous perdez la prime d’État, définitivement, ainsi que les droits à prêt cumulés, calculés en fonction des intérêts acquis. Ce point est souvent négligé, mais il peut représenter plusieurs milliers d’euros de perte de valeur potentielle si vous aviez envisagé un projet immobilier, même indirectement (enfants, résidence secondaire, investissement locatif, etc.).
Faut-il clôturer son PEL avant mars 2026 ?
Les cas où il est préférable de le conserver
Conserver son PEL peut s’avérer judicieux dans plusieurs situations, en particulier lorsque le plan bénéficie d’un taux d’intérêt supérieur à l’environnement de marché actuel.
Voici les cas où la conservation du PEL est stratégiquement favorable :
· Taux garanti élevé : un PEL ouvert depuis plusieurs années, peut offrir un rendement brut de 3% à 4%, soit nettement plus que les livrets réglementés ou que certaines assurances-vie en fonds euros.
· Absence de besoin immédiat de liquidité : si vous n’avez pas besoin des fonds à court terme, conserver le PEL jusqu’en mars 2026 permet de continuer à faire croître votre épargne à un taux sûr, sans risque de marché.
· Fiscalité stable : si votre PEL a déjà plus de 12 ans, vous êtes de toute façon soumis à la flat tax chaque année. Le garder jusqu’à l’échéance n’aggrave donc pas la fiscalité.
· Stratégie patrimoniale conservatrice : pour les profils prudents ou les personnes proches de la retraite, le PEL reste une poche de stabilité et de rendement non négligeable.
Dans ces cas, il peut être pertinent de laisser le PEL aller jusqu’à son terme naturel en mars 2026, à condition d’anticiper les conséquences de la clôture automatique.
Les cas où il vaut mieux l’arbitrer (selon votre fiscalité ou vos projets)
À l’inverse, plusieurs scénarios justifient une clôture volontaire anticipée avant mars 2026 :
PEL au taux faible (< 2,50 %) : il est probable que le rendement de votre PEL soit probablement inférieur à l’inflation actuelle. Dans ce cas, l’intérêt patrimonial du maintien est limité.
Fiscalité lourde à la clôture automatique : en clôturant vous-même le plan avant l’échéance, vous pouvez mieux piloter votre fiscalité, en répartissant la pression fiscale sur une année creuse ou en optimisant les prélèvements sociaux.
Projet immobilier imminent : vous pouvez mobiliser vos droits à prêt si vous lancez un achat immobilier. La clôture anticipée permet d’accéder au prêt bonifié et de toucher, le cas échéant, la prime d’État.
Besoin de liquidité ou d’optimisation globale du patrimoine : dans une stratégie dynamique, clôturer un PEL faiblement rémunéré permet de réallouer les fonds vers des supports plus performants ou adaptés à vos objectifs (ex : SCPI, contrats de capitalisation, assurance-vie produits structurés, etc.).
Un arbitrage piloté par un expert peut permettre d’anticiper la fiscalité, de valoriser autrement l’épargne et de repenser l’allocation d’actifs selon votre profil.
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Que faire si votre PEL est au plafond ou inactif depuis plusieurs années
De nombreux détenteurs de PEL ont atteint le plafond de versement (61 200 €) depuis longtemps. Dans ce cas :
- Les versements sont bloqués.
- Les droits à prêt n’évoluent plus.
- Et les intérêts générés sont soumis à la fiscalité, sans effet de levier.
Résultat : le PEL devient un placement "passif", parfois oublié, et rarement optimisé.
Si votre PEL est dans cette situation, Il est souvent plus intéressant de le clôturer et de réallouer les fonds à des placements à rendement net supérieur. Vous pouvez envisager des solutions plus performantes, avec une fiscalité allégée, notamment en assurance-vie, par exemple.
Attention toutefois : la clôture reste définitive. Aucun retour en arrière n’est possible. Une analyse personnalisée est donc essentielle avant toute décision
Quelles alternatives au PEL en 2026 ?
Les placements à considérer : assurance-vie, PER, SCPI, etc.
Une fois le PEL clôturé, se pose la question centrale : où replacer l’épargne ?
Heureusement, plusieurs solutions s’offrent à vous, avec des rendements potentiellement plus attractifs, tout en conservant une maîtrise du risque.
L’assurance-vie : la plus souple des enveloppes fiscales.
Fonds en euros pour la sécurité (rendements entre 2 % et 3,5 % en 2024 pour les bons contrats).
Unités de compte pour diversifier (fonds actions, obligations, SCPI, ETF, etc.).
Avantage fiscal à partir de 8 ans (abattement annuel sur les gains : 4 600 € ou 9 200 € pour un couple).
Transmission hors succession possible, avec un cadre favorable.
À noter : les assurances-vie luxembourgeoises ou à architecture ouverte offrent des véhicules d’investissement très adaptés aux hauts patrimoines.
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Les SCPI (pierre-papier) : rendement et diversification immobilière
Revenus réguliers (rendement moyen 2024 : entre 4,5 % et 6 % selon les typologies). Il y a donc une mutualisation du risque immobilier. Ce placement est accessible via assurance-vie ou en direct (avec fiscalité sur les revenus fonciers).
Le PER : optimiser votre fiscalité tout en préparant la retraite
Le PER permet de se constituer un capital ou une rente pour la retraite, tout en bénéficiant d’un avantage fiscal immédiat : les versements volontaires sont déductibles du revenu imposable (dans la limite du plafond annuel).
Idéal pour les foyers soumis à une tranche marginale d’imposition élevée (TMI 41 % ou 45 %), car il permet une réduction d’impôt significative dès l’année du versement.
Les fonds sont investis selon une gestion pilotée à horizon, adaptée à votre âge, avec un choix possible entre fonds euros sécurisés et unités de compte dynamiques. Au moment de la retraite, vous pouvez opter pour une sortie en capital ou en rente, avec une fiscalité spécifique mais optimisable selon votre statut et vos objectifs.
Le PER est particulièrement recommandé si votre PEL arrivant à échéance n’a plus de vocation à financer un bien immobilier mais peut être redirigé vers un objectif retraite, tout en allégeant votre imposition. Ainsi, ces placements peuvent compléter intelligemment un patrimoine qui reposait trop sur des produits de taux comme le PEL, arrivant notamment à échéance.
Conclusion
La clôture automatique des Plans Épargne Logement ouverts depuis le 1er mars 2011 interviendra dès que ces contrats atteindront 15 ans. Concrètement, cela signifie que tous les PEL ouverts à partir de mars 2011 seront automatiquement clos en mars 2026. Une échéance réglementaire souvent ignorée, mais qui peut avoir des conséquences patrimoniales et fiscales significatives si elle n’est pas anticipée.
Sans action de votre part, vous risquez de perdre le taux d’intérêt garanti, les droits à prêt, ainsi qu’un certain contrôle sur la fiscalité applicable aux intérêts générés. En revanche, agir en amont vous permet de reprendre la main sur votre épargne : mieux piloter sa fiscalité, réorienter ses capitaux, ou encore choisir des placements plus cohérents avec votre stratégie patrimoniale.
Principaux risques
Risque de perte en capital : Tout investissement comporte un risque significatif de perte partielle ou totale du capital investi. La valeur de votre placement peut diminuer comme augmenter.
Performances non garanties : Les performances passées ne préjugent pas des résultats futurs. Les exemples de rendements historiques présentés ne constituent en aucun cas une garantie de performance pour les investissements à venir.

